Monday, May 25, 2009

Presider l'Afrique, Mourir en Europe

Les recentes speculations sur la vie (et la mort) du President Gabonais Omar Bongo Ondimba rappelent etrangement une bien pietre tradition chez les dirigeants africains. Que Mr Bongo ait decide de "suspendre ses activites" pour se reposer dans une clinque espagnole, ou qu'il soit en fait atteint d'un cancer en phase terminale comme le suggerent certains, ne change en rien mon sentiment que ceci est une honte.
Quand on dirige un pays pendant 42 ans et qu'on ne trouve dans son territoire aucune structure sanitaire capable de prendre en charge son traitement medical, c'est le comple de la mediocrite. Le role d'un President de la Republique, faut-il le rappeler, c'est aussi de construire des hopitaux, les equiper, et former un personnel medical qualifie.
Des lors, si le President (ou la classe dirigeante) se sent oblige d'aller se soigner en Europe ou aux USA, c'est qu'ils ne meritent pas la confiance de leurs compatriotes, parce qu'ils jugent les structures sanitaires de leur pays inaptes a prendre en charge leur etat de sante.
La dignite est un vain mot en politique. Je trouve qu'un president ou un minitre qui se fait soigner dans un hopital de son pays est un homme digne. Un president qui meurt dans une clinique d'un pays etranger est un incompetent.

Oumar Ba

Friday, May 22, 2009

Gabon - Togo: meme destin?


Il se murmure dans les salons de la Francafrique que le President Gabonais Omar Bongo Ondimba serait mort. Ce qui est sur, c'est qu'il se trouve en ce moment dans une clinique a Barcelone. Cet homme qui a perdu sa femme il y a 2 mois avait decide de "suspendre" ses activites de President de la Republique Gabonaise il y a qq jours pour officiellement " se reposer et porter le deuil de son epouse".
Ceci nous aurait fait sourire n'eut ete la tragedie qui sous-tend ces recents developpements.
Bongo est arrive au pouvoir en 1967, mes amis. Mourir au pouvoir apres 42 ans d'exercice, c'est une honte. Plus grave, ce sont des lendemains incertains qu'il legue a ses administres. Le Togo se bat encore contre les demons de la division de la famille Eyadema, le Gabon n'echappera peut-etre pas a son destin.
Ali Bongo est en pole position pour succeder a son pere, en digne heritier de ce royaume tropical d'Afrique Equatoriale.
La liste est longue. Je veux dire celle qui prete a des fils des ambitions de succeder a leur president de pere: Lybie, Egypte, Senegal, Congo.
C'est ca aussi l'Afrique.

Oumar Ba

Thursday, May 14, 2009

L'Afrique ne doit rien attendre de Obama


Note: J'avais publie cet article en Decembre 2008 dans le Magazine Continent Premier No 37
A l’instar du monde entier, nous avons decouvert le garçon élancé au nom bizarre un soir de Juin 2004. Sa stature et sa carrure doublées d’une éloquence qui nous rappelle les grands moments de l’histoire politique et sociale des Etats- Unis nous ont amenés à nous poser cette question: qui est donc cet homme? S’étant rendu compte de lui-même que sa présence sur ce podium sort de l’ordinaire, il nous expliqua les origines modestes de son père Kenyan qui débarqua à Hawaii poursuivre ses études en économétrie et sa mère originaire du Kansas qui avait suivi ses parents a Honolulu.
Obama et nous
Encore sous l’effet de l’émotion, nous avons cherché à mieux connaitre cet homme qui peut presque passer pour notre oncle et qui est parti pour être le seule noir membre du cercle restreint des sénateurs américains. Car, Africain, nous voulûmes qu’il le fût et le restât. Son autobiographie « Dreams from my Father » nous retraça l’itinéraire sinueux de son père fait de brillantes études à Harvard et de décadence dans l’alcoolisme, fait d’amour pour une demoiselle blanche de 18 ans et d’échecs personnels. Nous avons suivi le jeune Barry du soleil tropical de Honolulu aux ruelles de Jakarta. Du daara ou il entra en contact avec l’éducation islamique a Howard University, nous avons été témoin des turbulences du jeune Obama, de son expérience avec la cocaïne, de l’absence du père et de l’amour indéfectible des grands-parents.
Le retour de l’enfant prodigue au pays qu’il n’a jamais connu, la rencontre avec la famille qui l’a accueilli à bras ouvert, la prière formulée sur la tombe de son père sous les manguiers dans l’arrière cour de la maison familiale, … que d’émotions pour cette destinée si singulière.
Quand L’Etat de Ohio décida de se faire Swift-boater grâce au pragmatisme de Karl Rove et permit à George W. Bush de rempiler, nous nous consolâmes du fait qu’un brillant avocat d’origine kenyane faisait son entrée au sénat et devenait le 5eme sénateur noir de l’histoire des Etats-Unis et le seul en exercice. Deux ans plus tard, quelques centaines de personnes bravèrent le froid boréal pour écouter Barack obama déclarer sa candidature à l’investiture démocrate sur les marches du bureau qu’occupait Abraham Lincoln à Springfield, Illinois. Sans trop y croire, nous refusions pourtant de ne pas y croire. L’Amérique est-elle prête pour Obama ? Se peut-il qu’il se soit manifesté trop tôt ? Devrait-il plutôt miser pour un poste de vice –président ? Telles étaient les questions dont nous débâtions autour du thé et dans les grand’ places.
Le soir où Iowa, un Etat peuplé à 90% de blancs plébiscita Obama face a Hilary Clinton, nous avons, comme un seul homme, entonné le refrain Yes we can. Même la défaite de New Hampshire n’a pu freiner notre élan. Super Tuesday finit par nous convaincre que nous avons battu la terrible machine Clinton. La nomination à la candidature obtenue de haute lutte, nous avons tremble de rage quand les propos du pasteur Jeremiah Wright ont fait surface. Pour nous, la question n’était pas de savoir si ses propos incendiaires sont légitimes ou pas, nous voulions juste qu’il se tût pour ne pas bousiller « nos » chances de devenir les prochains locataires du 1600 Pennsylvanie Avenue.
Face à John McCain, nous savions que le choix en faveur du changement était clair. Le sang neuf insufflé au parti républicain par Sarah Palin ne pouvait en aucun cas renverser la vapeur, encore moins les boutades de Joe le Plombier. Bien que tous les sondages aient donné Obama vainqueur, nous avons craint que le Bradley effect ou le syndrome de Stockholm ne brisât notre élan. Et le jour J arriva. Pennsylvania devint bleu, puis Ohio, suivi de Florida. Dès lors il ne faisait aucun doute que Barack Hussein Obama sera le 44eme locataire de la Maison Blanche, lui dont le père partit d’un village Kenyan, deviendra le Commander in chief de l’armée la plus puissante de l’histoire de l’humanité. History in the making, indeed…
Mais, qui sommes-nous donc?
Nous sommes africains émus de voir un des nôtre devenir l’homme le plus puissant de la planète. Nous sommes les travailleurs clandestins qui vendent des articles contrefaits sur la 125eme à New York et qui espèrent obtenir des papiers et vivre notre part du rêve américain. Nous sommes les étudiants qui subissons la tyrannie des professeurs dans nos amphis tropicaux surpeuplés et qui espèrent obtenir des visas pour les USA. Nous sommes les jeunes de Thiaroye-sur-mer qui ont remis leur traversée de l’atlantique a bord de leurs pirogues a plus tard, en attendant de voir si Brother Obama nous tendra une perche. Nous sommes les agriculteurs qui avons déserté nos campagnes faute de pluies et de politique agricole adéquate mise en place par nos gouvernements. Nous espérons que président Obama redressera les économies ajustées de nos pays, qu’il sauvera nos hôpitaux, qu’il fera taire les bruits de bottes et les rafales de AK47 dans nos forêts, qu’il nous aidera à arrêter les razzias et les viols dans nos bleds du désert, …
Au-delà des émotions, place à la realpolitik
L’élection de Barack Obama a déchainé des passions partout dans le monde, de la ville japonaise de Obama City à l’arrière-cour de la maison de Grand-mère Sarah Onyango. Toutefois, au-delà de l’espoir que cette victoire suscite chez nous, force est de reconnaitre que l’Afrique ne comptera aucunement parmi les priorités de la prochaine administration américaine. En effet, Obama accède au pouvoir a un moment ou les Etats-Unis connaissent une crise financière que l’ancien Chairman of the Fédéral Reserve Alan Greenspan a qualifié de la plus grave qu’il n’ait jamais vécu, et il est né en 1926, s’il vous plait. Cette crise qui a d’abord gangréné le secteur immobilier il y a deux ans a atteint les banques et compagnies d’assurances jusqu'à obliger le Congres à allouer une somme de 700 milliards de dollars pour sauver les entreprises de la banqueroute. Et maintenant, les 3 géants de l’industrie automobile tendent la main à Washington pour éviter le naufrage. En fait, General Motors, Ford et Daimler Chrysler sont le fer de lance de l’économie états-unienne et ce sont des millions d’emplois qui sont menacés s’ils déposent le bilan. Toutefois, cette crise n’est que l’aboutissement d’une économie en perte de vitesse. L’hégémonie de l’économie américaine ou Pax Americana telle que nous l’avons connue depuis la fin de la Seconde guerre mondiale pourrait bien être sur une pente descendante.
La perte de vitesse de l’économie états-unienne annonce la montée en puissance des BRICs (Brésil, Russie, Inde, et Chine). D’après une étude publiée par Dominic Wilson pour le compte de Goldman Sachs, à partir de 2025, la puissance économique des BRICs serait l’équivalent de celle actuelle du G6 et parmi les pays qui font le G6, seul le Japon et les Etats Unis compteront parmi les 6 pays les plus riches en 2050. C’est dire que Pax Americana pourrait bien rejoindre Pax Britannica dans les annales de l’histoire pour laisser la place à Pax Sinica.
Et l’Afrique dans tout ça ? Le Président Obama hérite de deux guerres, et se doit de renforcer la sécurité intérieure des Etats-Unis. Il a promis la couverture médicale à la population américaine et il sera juge sur pièce. 20% des américains qui dorment à la belle étoile ont servi dans les armées américaines. Obama leur a promis un toit.
Face à une Russie qui reprend du poil de la bête et le Proche-Orient qui reste fidele à son nom, l’Afrique ne pèsera pas lourd non plus dans la balance des priorités Etats-uniennes.
Alors que dire du Président Kibaki qui a profite de la victoire de Obama pour décréter une journée chômée et payée au Kenya ? C’est une décision absurde au moins et stupide au plus. Depuis quand un pays sous-développé se permet-il de fêter l’issue d’une élection d’un pays souverain ? Faut-il rappeler au Président Kibaki que Mr Obama est un citoyen américain élu par le peuple américain pour défendre les intérêts des Etats-Unis d’Amérique ?
Tout au plus, nous convenons que Obama pourrait être utile à l’Afrique une fois qu’il aura quitté le pouvoir. Il pourra certainement rejoindre le comité des sages africain pour la résolution des conflits qui ravagent notre continent. D’ici là, le rêve ne nous est pas permis. Mettons-nous plutôt au travail.