Monday, April 27, 2009

Mauritanie et Pakistan: Parallelisme des formes

Mauritanie et Pakistan : Parallélisme des formes
Dans le champ des sciences politiques africaines, peu de théâtres d’opérations offrent autant de leçons et d’intrigues que celui de la Mauritanie durant ces dix dernières années. Dans un des multiples forums locaux, un internaute a peint la situation en Mauritanie en ces termes : « Ould part, Ould vient, tandis que Ould affute ses armes et attend… » A y regarder de près, au-delà des eternels coups réussis ou manqués en Mauritanie, le paysage politico-militaire de la Mauritanie nous rappelle étrangement celui du Pakistan.
Le scenario écrit le 06 Aout 2008 avec l’usurpation du pouvoir par le General Abdel Aziz continue de se dérouler avec précision et détermination. Comme il fallait s’y attendre, Aziz n’a pas l’intention de devenir un clone de Ould Vall qui, après avoir destitué Taya, a remis le pouvoir au peuple Mauritanien en la personne du Président Sidi. Quelques soient les reproches qu’on pourrait faire a ce dernier, il n’empêche qu’il est dépositaire de la légitimité constitutionnelle a l’issue d’ élections souveraines qui ont par ailleurs été marquées par la percée de Ibrahima Moctar Sarr qui a recueilli 8% des suffrages exprimés au premier tour.
En effet, le coup d’état du 06 Aout traduit moins un souci de sortir la Mauritanie du deadlock dans lequel l’administration de Sidi avait plonge les institutions, qu’un désir de la classe militaire de retourner aux affaires. Nous pensons, qu’il existe en Mauritanie, tout comme au Pakistan une véritable classe militaire composée d’officiers supérieurs, qui, pour avoir incarné le pouvoir et jouit des privilèges y attenant, est arrivée a s’autoproclamer comme gardienne et dépositaire de la légitimité populaire.
Tant que le colonel Taya jouait le jeu de l’armée mauritanienne, celle-ci lui a servi de soupape de sécurité et a protégé son pouvoir. Ould Vall a certes remis le pouvoir à qui de droit, c’est-a-dire le peuple mauritanien, mais c’était sans compter avec le désir des officiers supérieurs de l’armée de rester dans les arcanes du pouvoir. Au Pakistan aussi, il arrive que le pouvoir retourne aux civils, comme c’est le cas actuellement, mais la pérennité dudit pouvoir est conditionnée à sa soumission à la volonté de l’armée.
Dans l’un comme dans l’autre cas, l’instabilité institutionnelle conduit inexorablement à des soubresauts et des éruptions cycliques de violence. Toutefois, le Pakistan est une puissance nucléaire et l’armée s’est constituée garante de l’arsenal. C’est pourquoi, il est de l’intérêt de la communauté internationale que les officiers militaires restent puissants dans l’architecture institutionnelle. On ne peut pas dire qu’il en soit de même pour la Mauritanie.
Un autre avantage comparatif dont dispose le Pakistan est la présence d’un ennemi juré, qui se trouve être un voisin immédiat. Nous savons depuis Thucydide et son récit « The Peloponnesian War » que les Etats existent et se maintiennent par la désignation d’un ennemi. Le Pakistan a bien appris cette leçon et d’autres encore de Hans Morgenthau à Kenneth Waltz. C’est dire que si l’Inde n’existait pas, il aurait fallu que le Pakistan la créât. La rivalité entre les deux pays est la condition sine qua none de la cohésion nationale du Pakistan. Et l’émergence d’un ennemi de type nouveau à l’intérieur des frontières du Pakistan, à savoir les Taliban, est un phénomène auquel le régime d’Islamabad ne s’est point préparé et ne dispose point de moyens d’y faire face.
La Mauritanie ne s’est pas fait un ennemi juré. Selon les contingences sociopolitiques, elle s’est frottée au Maroc, puis au Sénégal, avant de s’embarrasser sur le choix à adopter entre s’allier avec le monde arabo-islamique ou s’intégrer à l’Afrique sub-saharienne.
Le fait que Ba Mbare ait accédé au pouvoir en Mauritanie, aussi symbolique que cela puisse être, nous semble relever tout simplement d’une stratégie qui vise à maintenir une classe militaire au pouvoir, en attendant qu’un autre « Ould » décide d’ouvrir une autre page dans l’histoire politique de la Mauritanie.

Ba

Blog: nomadfulani.blogspot.com

1 comment:

  1. VIVE LE PRESIDENT MAAOUIYA OULD SID'AHMED TAYA.

    ReplyDelete